Article originalFaisabilité du « coaching » téléphonique dans l’appareillage du syndrome d’apnée du sommeil. Coaching téléphonique et SASEducation of patients with sleep apnea syndrome: Feasibility of a phone coaching procedure. Phone-coaching and SAS
Introduction
Le syndrome d’apnées du sommeil (SAS) est une pathologie dont la fréquence est estimée par les études épidémiologiques à environ 4 à 7,5 % de la population adulte [1], [2], [3]. Il se manifeste par un ensemble de signes cliniques très variés dont les plus fréquents sont la somnolence diurne et le ronflement [4]. D’autres signes cliniques peuvent également altérer la qualité de vie des patients [5], comme la nycturie, les troubles de l’humeur ou la dépression [6], [7].
Le diagnostic nécessite une confirmation par un enregistrement polygraphique (PGV) ou polysomnographique (PSG) [8]. La sévérité du SAS dépend de l’importance de l’IAH (index d’apnées et d’hyponées) et de la somnolence diurne [6], [8].
Les complications du SAS sont responsables d’une morbi-mortalité non négligeable [8], avec aux premiers rangs : les accidents de la voie publique [9], [10], l’hypertension artérielle (HTA), les troubles de rythme cardiaque, une pathologie coronarienne [11], [12], [13], les maladies métaboliques [14] et les accidents vasculaires cérébraux.
L’application nocturne d’une pression positive continue (PPC) au masque reste le traitement de référence, malgré ses contraintes [8]. Des alternatives existent, mais sont réservées aux échecs de la PPC [8], [15]. L’efficacité de ce traitement paraît dose-dépendante. Un effet bénéfique sur la mortalité est observé dès une heure d’utilisation [16]. L’étude de Weaver et al. démontre un effet dose sur différents paramètres. L’amélioration du score d’Epworth est significative dès quatre heures d’utilisation, alors que la qualité du sommeil et de vie nécessitent une durée d’utilisation supérieure pour obtenir un bénéfice [17]. D’autres études corrèlent une amélioration des symptômes du SAS et des symptômes dépressifs avec la durée d’utilisation de la PPC [18]. Il est important de noter que le traitement par PPC permet une réduction de co-morbidités telles que l’HTA [19], mais cet effet n’apparaît que pour une observance supérieure à cinq heures [20].
L’observance reste donc déterminante dans l’efficacité de la PPC, même si la durée optimale reste imprécise [12], [14], [15], [16]. Les recommandations pour la pratique clinique sur la prise en charge du syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil de l’adulte émises en collaboration entre plusieurs sociétés savantes préconisent une durée d’utilisation entre trois et quatre heures pour être efficace [8]. En France, l’appareillage est effectué par un système de location auprès d’un prestataire de santé à domicile. Le remboursement par les caisses d’assurance maladie est assujetti à trois heures d’utilisation quotidienne en moyenne.
Le taux moyen de refus initial de la PPC est de 15 %, mais peut varier de 5 à 50 % selon les études [21], [22], [23], [24]. Ainsi, à cinq ans, dans l’étude de Kohler et al., 81 % des patients continuent leur traitement versus 70 % à dix ans [25], alors que McArdle et al. [26] démontre que 20 % des patients arrêtent leur traitement au cours des 22 premiers mois et que 68 % des patients continuent à cinq ans. Quant à la compliance, une étude rétrospective sur huit ans montre que seulement 59 % des patients utilisent les appareils plus de quatre heures par nuit [27]. Les causes d’abandon du traitement énoncé sont en premier lieu le manque de bénéfice ressenti, puis l’inconfort du masque, et la perte de poids [28]. Les facteurs prédictifs d’une bonne acceptation du traitement sur le long terme sont multiples, ainsi la sévérité de la maladie notamment les index de désaturation en oxygène et le taux d’IAH seraient des bons facteurs [25], [26], de même que la présence d’une somnolence diurne excessive et qu’un score d’Epworth supérieur à 10. La moyenne d’utilisation quotidienne au cours des trois premiers mois semble refléter l’acceptation sur le long terme. Le sexe féminin, les patients plus âgés, l’index de masse corporel (IMC), le statut socioéconomique et les traits de la personnalité sont des facteurs prédictifs moins robustes [18], [29].
Des études randomisées et deux méta-analyses Cochrane [30], [31] ont analysé les moyens susceptibles d’améliorer l’observance tels que la PPC et le masque choisis ainsi que les stratégies d’éducation. Comme dans de nombreuses maladies chroniques, l’éducation thérapeutique (ET) apparaît essentielle à la compréhension de la maladie et à l’adhérence au traitement. Les thérapies cognitives ou motivationnelles contrairement à une intervention comportementaliste améliorent l’observance de 2,9 heures [29].
Plusieurs programmes d’accompagnement ou d’éducation du patient sont développés, allant de l’appel téléphonique hebdomadaire, jusqu’au développement d’un programme d’éducation intensif du patient [32], [33], [34]. Toutes ces études mettent en évidence un bénéfice net sur l’utilisation de la PPC, mais les effectifs concernés sont faibles.
Section snippets
Objectifs
L’objectif principal de ce travail était d’évaluer la faisabilité d’un accompagnement téléphonique, effectué par un personnel paramédical compétent en ET (diplôme universitaire d’ET, obtenu en 2003, à Toulouse), et venant en soutien des informations (orales et écrites) délivrées aux patients lors de la mise en place de l’appareillage. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer le taux d’adhésion et d’observance de l’appareil.
Cette étude est en accord avec les recommandations publiées en
Patients et méthodes
Il s’agit d’une étude cas–témoin.
Résultats
Cent trente-trois patients ont été inclus, dont 66 « coachés » et 67 « non coachés ». Les patients des deux groupes étaient majoritairement âgés de plus de 60 ans, de sexe masculin, en surcharge pondérale avec un score de somnolence évalué par l’Epworth d’environ 11/24 et un indice d’apnées/hypopnées élevé (Tableau 1). Quatre-vingt-dix-huit pour cent des patients auxquels le suivi téléphonique par une éducatrice thérapeutique a été proposé ont accepté d’y participer (Tableau 2). Le seul refus
Discussion
Cette étude dont l’objectif principal était la faisabilité du suivi téléphonique, démontre la possibilité d’intégrer un accompagnement téléphonique par un personnel compétent en ET pour les patients atteints de SAS et traités par PPC. En effet, 98 % des patients ont accepté cet accompagnement et le taux d’adhésion à l’ensemble du programme a été de 86 %. Cette vérification était un préalable indispensable à la mise en place d’une étude à grande échelle. Cette méthodologie de suivi des patients
Déclaration d’intérêts
Au cours des 5 dernières années, Ludivine Leseux a été employé par SADIR association, en tant qu’attachée de recherche clinique.
Nicole Rossin, Kamila Sedkaoui, Sandrine Pontier, Nadine Harribey, Sébastien Deleurme, Gilbert Germaini, Françoise Jeanne, Laurence Adrover, Paul Leophonte, Jean-Louis Fraysse, Alain Didier déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Remerciements
Nous remercions les médecins ayant participé à cette étude : Drs. Bajon D., Birot P., Courdeau J., Kouevidjin G., Richebe P.
Références (52)
- et al.
prévalence des symptômes du syndrome d’apnées du sommeil. Étude dans une population française d’âge moyen
Rev Mal Respir
(2007) - et al.
Prise en charge du syndrome d’apnées obstructives du sommeil en médecine générale en Midi-Pyrénés
Rev Mal Respir
(2007) - et al.
Long-term cardiovascular outcomes in men with obstructive sleep apnoea-hypopnoea with or without treatment with continuous positive airway pressure: an observational study
Lancet
(2005) - et al.
Mortality in obstructive sleep apnea-hypopnea patients treated with positive airway pressure
Chest
(2005) - et al.
Long-term compliance with nasal continuous positive airway pressure therapy of obstructive sleep apnea
Chest
(1990) - et al.
Acceptance and long-term compliance to continuous positive airway pressure in obstructive sleep apnea. A prospective study on 72 patients treated between 2004 and 2007
Rev Pneumol Clin
(2009) - et al.
Utilisation à long terme de la PPC par les patients atteints du syndrome d’apnées du sommeil
Rev Mal Respir
(2005) - et al.
Patient education combined in a music and habit-forming intervention for adherence to continuous positive airway (CPAP) prescribed for sleep apnea
Patient Educ Couns
(2009) - et al.
A new educational program for patients suffering from sleep apnea syndrome
Patient Educ Couns
(2006) - et al.
Annual review of patients with sleep apnea/hypopnea syndrome-a pragmatic randomised trial of nurse home visit versus consultant clinic review
Sleep Med
(2004)