Article original
Faisabilité du « coaching » téléphonique dans l’appareillage du syndrome d’apnée du sommeil. Coaching téléphonique et SASEducation of patients with sleep apnea syndrome: Feasibility of a phone coaching procedure. Phone-coaching and SAS

https://doi.org/10.1016/j.rmr.2011.11.001Get rights and content

Résumé

Introduction

L’application nocturne d’une pression positive continue (PPC) reste le traitement de référence du syndrome d’apnée du sommeil (SAS), malgré un taux d’acceptation d’environ 70 %.

Méthodes

Cette étude cas–témoin concerne une population de patients (n = 133) atteints de SAS et appareillés par PPC par un prestataire (SADIR). Une éducation thérapeutique (ET) dispensée par un intervenant compétent en ET et consistant en cinq appels à j3/10/30/60/90 a été proposée à 66 patients. La faisabilité de cette méthode a été évaluée ainsi que le bénéfice éventuel sur l’acceptation et l’observance de l’appareillage.

Résultats

Quatre-vingt-dix-huit pour cent des patients (65/66) ont accepté ce suivi personnalisé. Cinquante-sept patients (86 %) ont suivi la totalité du programme et 44 patients (66 %) ont répondu précisément aux dates d’appels définis par le protocole. Cet accompagnement téléphonique a permis d’augmenter l’acceptation (94 % versus 81 %, p = 0,027) et l’observance (4 h 39 ± 2 h 17 versus 3 h 45 ± 2 h 45, p = NS) pour ces patients par rapport aux patients bénéficiant d’un suivi classique.

Conclusions

La mise en place d’une ET par téléphone et par un personnel compétent est faisable et semble améliorer l’observance et l’adhésion des patients au traitement par PPC. Ces dernières données devront être confirmées sur une population de patients plus importante et randomisée.

Summary

Introduction

The most commonly used treatment for obstructive sleep apnea syndrome (OSA) is the application of continuous positive airway pressure (CPAP) during sleep. However compliance with this treatment is frequently below 70%.

Methods

The main aim of this study was to evaluate the feasibility of an educational intervention (EI) delivered in phone calls made to OSA patients (n = 66) treated with CPAP by a home care provider (SADIR). The educational intervention consisted of five sessions of telephone based counseling intervention by appropriately trained staff delivered on day 3, 10, 30, 60 and 90 after initiation of treatment. Secondary objectives were to compare, using a case-control design, CPAP compliance of OSA patients (n = 133) with or without EI.

Results

Ninety-eight percent of patients accepted the intervention to participate in the study. Fifty-seven patients (86%) received the full intervention program and 44 patients (66%) strictly respected the pre-defined timings per protocol. A higher adherence to CPAP at six months was observed in the EI group compared to patient without EI (94% versus 81%) (P < 0.05). CPAP compliance at three months was 54 minutes higher in the EI group compared to the control group (4 h 39 ± 2 h 17 and 3 h 45 ± 2 h 45 respectively) but this difference was not statistically significant.

Conclusion

An educational intervention dispensed by phone is applicable and would have an impact on CPAP compliance. Its efficacy on long-term compliance has to be confirmed in a larger group using a randomized procedure.

Introduction

Le syndrome d’apnées du sommeil (SAS) est une pathologie dont la fréquence est estimée par les études épidémiologiques à environ 4 à 7,5 % de la population adulte [1], [2], [3]. Il se manifeste par un ensemble de signes cliniques très variés dont les plus fréquents sont la somnolence diurne et le ronflement [4]. D’autres signes cliniques peuvent également altérer la qualité de vie des patients [5], comme la nycturie, les troubles de l’humeur ou la dépression [6], [7].

Le diagnostic nécessite une confirmation par un enregistrement polygraphique (PGV) ou polysomnographique (PSG) [8]. La sévérité du SAS dépend de l’importance de l’IAH (index d’apnées et d’hyponées) et de la somnolence diurne [6], [8].

Les complications du SAS sont responsables d’une morbi-mortalité non négligeable [8], avec aux premiers rangs : les accidents de la voie publique [9], [10], l’hypertension artérielle (HTA), les troubles de rythme cardiaque, une pathologie coronarienne [11], [12], [13], les maladies métaboliques [14] et les accidents vasculaires cérébraux.

L’application nocturne d’une pression positive continue (PPC) au masque reste le traitement de référence, malgré ses contraintes [8]. Des alternatives existent, mais sont réservées aux échecs de la PPC [8], [15]. L’efficacité de ce traitement paraît dose-dépendante. Un effet bénéfique sur la mortalité est observé dès une heure d’utilisation [16]. L’étude de Weaver et al. démontre un effet dose sur différents paramètres. L’amélioration du score d’Epworth est significative dès quatre heures d’utilisation, alors que la qualité du sommeil et de vie nécessitent une durée d’utilisation supérieure pour obtenir un bénéfice [17]. D’autres études corrèlent une amélioration des symptômes du SAS et des symptômes dépressifs avec la durée d’utilisation de la PPC [18]. Il est important de noter que le traitement par PPC permet une réduction de co-morbidités telles que l’HTA [19], mais cet effet n’apparaît que pour une observance supérieure à cinq heures [20].

L’observance reste donc déterminante dans l’efficacité de la PPC, même si la durée optimale reste imprécise [12], [14], [15], [16]. Les recommandations pour la pratique clinique sur la prise en charge du syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil de l’adulte émises en collaboration entre plusieurs sociétés savantes préconisent une durée d’utilisation entre trois et quatre heures pour être efficace [8]. En France, l’appareillage est effectué par un système de location auprès d’un prestataire de santé à domicile. Le remboursement par les caisses d’assurance maladie est assujetti à trois heures d’utilisation quotidienne en moyenne.

Le taux moyen de refus initial de la PPC est de 15 %, mais peut varier de 5 à 50 % selon les études [21], [22], [23], [24]. Ainsi, à cinq ans, dans l’étude de Kohler et al., 81 % des patients continuent leur traitement versus 70 % à dix ans [25], alors que McArdle et al. [26] démontre que 20 % des patients arrêtent leur traitement au cours des 22 premiers mois et que 68 % des patients continuent à cinq ans. Quant à la compliance, une étude rétrospective sur huit ans montre que seulement 59 % des patients utilisent les appareils plus de quatre heures par nuit [27]. Les causes d’abandon du traitement énoncé sont en premier lieu le manque de bénéfice ressenti, puis l’inconfort du masque, et la perte de poids [28]. Les facteurs prédictifs d’une bonne acceptation du traitement sur le long terme sont multiples, ainsi la sévérité de la maladie notamment les index de désaturation en oxygène et le taux d’IAH seraient des bons facteurs [25], [26], de même que la présence d’une somnolence diurne excessive et qu’un score d’Epworth supérieur à 10. La moyenne d’utilisation quotidienne au cours des trois premiers mois semble refléter l’acceptation sur le long terme. Le sexe féminin, les patients plus âgés, l’index de masse corporel (IMC), le statut socioéconomique et les traits de la personnalité sont des facteurs prédictifs moins robustes [18], [29].

Des études randomisées et deux méta-analyses Cochrane [30], [31] ont analysé les moyens susceptibles d’améliorer l’observance tels que la PPC et le masque choisis ainsi que les stratégies d’éducation. Comme dans de nombreuses maladies chroniques, l’éducation thérapeutique (ET) apparaît essentielle à la compréhension de la maladie et à l’adhérence au traitement. Les thérapies cognitives ou motivationnelles contrairement à une intervention comportementaliste améliorent l’observance de 2,9 heures [29].

Plusieurs programmes d’accompagnement ou d’éducation du patient sont développés, allant de l’appel téléphonique hebdomadaire, jusqu’au développement d’un programme d’éducation intensif du patient [32], [33], [34]. Toutes ces études mettent en évidence un bénéfice net sur l’utilisation de la PPC, mais les effectifs concernés sont faibles.

Section snippets

Objectifs

L’objectif principal de ce travail était d’évaluer la faisabilité d’un accompagnement téléphonique, effectué par un personnel paramédical compétent en ET (diplôme universitaire d’ET, obtenu en 2003, à Toulouse), et venant en soutien des informations (orales et écrites) délivrées aux patients lors de la mise en place de l’appareillage. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer le taux d’adhésion et d’observance de l’appareil.

Cette étude est en accord avec les recommandations publiées en

Patients et méthodes

Il s’agit d’une étude cas–témoin.

Résultats

Cent trente-trois patients ont été inclus, dont 66 « coachés » et 67 « non coachés ». Les patients des deux groupes étaient majoritairement âgés de plus de 60 ans, de sexe masculin, en surcharge pondérale avec un score de somnolence évalué par l’Epworth d’environ 11/24 et un indice d’apnées/hypopnées élevé (Tableau 1). Quatre-vingt-dix-huit pour cent des patients auxquels le suivi téléphonique par une éducatrice thérapeutique a été proposé ont accepté d’y participer (Tableau 2). Le seul refus

Discussion

Cette étude dont l’objectif principal était la faisabilité du suivi téléphonique, démontre la possibilité d’intégrer un accompagnement téléphonique par un personnel compétent en ET pour les patients atteints de SAS et traités par PPC. En effet, 98 % des patients ont accepté cet accompagnement et le taux d’adhésion à l’ensemble du programme a été de 86 %. Cette vérification était un préalable indispensable à la mise en place d’une étude à grande échelle. Cette méthodologie de suivi des patients

Déclaration d’intérêts

Au cours des 5 dernières années, Ludivine Leseux a été employé par SADIR association, en tant qu’attachée de recherche clinique.

Nicole Rossin, Kamila Sedkaoui, Sandrine Pontier, Nadine Harribey, Sébastien Deleurme, Gilbert Germaini, Françoise Jeanne, Laurence Adrover, Paul Leophonte, Jean-Louis Fraysse, Alain Didier déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Remerciements

Nous remercions les médecins ayant participé à cette étude : Drs. Bajon D., Birot P., Courdeau J., Kouevidjin G., Richebe P.

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